La semaine dernière, je vous ai fait faire une petite expérience sur l’effet d’ancrage.
L’effet d’ancrage est un biais cognitif qui se produit lorsqu’une personne considère une valeur particulière avant de faire une estimation. Le résultat est que la personne reste proche de la valeur considérée, à la manière d’une ancre. Même si le nombre est présenté comme aléatoire, même s’il est évidemment trop haut ou trop bas, il nous influence quand même.
Aujourd’hui, j’aimerais approfondir un peu les raisons qui font que nous sommes autant influencés par des nombres même s’ils sont aléatoires et non pertinents.
Il existe en réalité deux éléments qui expliquent cet effet :
1. Un mauvais ajustement
Petite expérience
Prenez une feuille de papier blanche A4. Partez du bas de la feuille et tracez à main levée une ligne de 5cm allant vers le haut.
Prenez une autre feuille identique. Partant du haut, tracez une ligne qui s’arrête à 5cm du bas.
Comparez vos deux estimations de la grandeur 5cm. Il est fort probable que votre première estimation soit plus petite que la seconde : votre estimation n’était pas un point précis mais une zone, et vous vous êtes arrêté en entrant dans cette zone, d’un côté ou de l’autre.
L’effet d’ancrage
L’effet d’ancrage est parfois le résultat d’un mauvais ajustement : nous partons de la valeur de départ, nous nous approchons de la zone d’estimation, et nous nous arrêtons dès que nous y entrons.
Par exemple, si on vous demande : « à quelle température bout l’eau au sommet du Mont Everest ? », vous allez probablement partir de 100°C et vous approcher doucement de la température qui vous semble correcte.
2. Effet d’amorçage et mémoire associative
Pour comprendre cet effet, il faut comprendre comment fonctionne notre cerveau lorsqu’il essaie d’évaluer si une proposition est vraie ou fausse.
Par exemple, si je vous demande « Est-ce que Gandhi avait 140 ans lorsqu’il est mort ? », vous allez d’abord imaginer que cette proposition est vraie, pour ensuite la rejeter. Mais, pendant un très bref laps de temps, vous allez imaginer un homme très âgé, et cette image va rester dans votre mémoire.
Ensuite, lorsque vous allez évaluer l’âge de Gandhi à sa mort, votre mémoire retrouvera cette image de vieil homme, ce qui va influencer votre estimation.
Pour aller plus loin
Toutes ces explications viennent du livre Thinking, Fast and Slow de Daniel Kahneman, que je vous conseille fortement.
Photos :
Gandalf est il moins vieux que le Doctor ?
Vous avez 2 heures.
Je confirme que mon trait de 5 cm est plus petit que l’arrêt à 5 cm 😐